une morale supérieure

Est-ce que cela surprend vraiment que le président des États-Unis se rende en Israël le 18 octobre pour offrir un soutien militaire supplémentaire à un régime qui n’a aucun scrupule à commettre des massacres de civils à Gaza ? Cette offre à hauteur de plusieurs milliards de dollars aurait-elle vraiment consterné les milliers de Palestiniens de Gaza tués par les armes américaines ?  Est-ce qu’elle choquerait encore les millions de personnes et les organisations de défense des droits de l’homme à travers le monde, qui estiment que les actions d’Israël à Gaza s’apparentent à un génocide ?

En plus, pour ajouter l’insulte à l’injure, Joe Biden a offert une somme dérisoire de 100 millions de dollars – une fraction minuscule du montant de l’aide militaire à Israël – aux plus de deux millions de Gazaouis dont les maisons sont bombardées et qui sont maintenant privés par l’État d’occupation israélien de l’essentiel, comme la nourriture, l’eau et l’électricité. Ainsi, la révolte palestinienne est considérée par les États-Unis comme une crise militaire que l’on peut résoudre en créant un Armageddon, tandis que le massacre des Palestiniens que celui-ci déclenche n’est qu’une crise humanitaire qu’il suffit de soulager avec un peu d’argent.

Le 30 octobre, le même président Biden a exprimé son intention d’expulser la République centrafricaine, le Gabon, le Niger et l’Ouganda de la liste des pays bénéficiaires de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act). L’AGOA est une politique commerciale états-unienne qui a été promulguée en 2000 et qui a été renouvelée et modifiée par la suite. Elle vise à promouvoir les relations économiques et commerciales entre les États-Unis et des pays d’Afrique subsaharienne en permettant, par exemple, à ces derniers d’exporter des marchandises vers les États-Unis sans payer de taxes. Le motif de la sanction? Tous ces pays se sont livrés à des « violations flagrantes des droits de l’homme internationalement reconnus » ou ils ne « font pas de progrès continus pour établir la protection du pluralisme politique et l’État de droit ».

Les leçons de morale politique états-uniennes s’imposent aux uns mais pas aux autres. Pourtant, ces dernières semaines ont fait éclater le noyau creux de ces censures morales et diplomatiques, le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël contredisant les prétentions de l’Occident à appartenir à un ordre international fondé sur des règles. Surtout depuis le début du massacre à Gaza, un grand nombre de média traditionnels ne cessent de citer des diplomates et politiciens occidentaux qui affirment que « Nous avons définitivement perdu la bataille dans le Sud », ou que « Tout le travail que nous avons accompli avec le Sud à propos de l’Ukraine a été perdu.» « Oubliez les règles, oubliez l’ordre mondial. Ils ne nous écouteront plus jamais » (Financial Times). Même de plus en plus de média grand public évoquent sans gêne le « système d’apartheid » israélien ou expriment la crainte que « par chaque journée supplémentaire de crimes de guerre, Israël perd ce qui lui restait encore de l’état de droit » (De Standaard).

Parfois le fossé grandissant entre les États-Unis et le reste du monde prend des allures remarquables. Par exemple le 2 novembre passé, à l’Assemblée générale des Nations Unies. Il y a eu un vote sur la « nécessité de mettre fin à l’embargo économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique à Cuba ». Cet embargo a été imposé pour la première fois en 1960 et a depuis lors été prolongé sans cesse. Ce 2 novembre, le résultat a été presque unanime : 187 états ont soutenu la résolution. Seuls les États-Unis et Israël ont voté contre l’expiration, tandis que l’Ukraine s’est abstenue.

 

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Il faut bien sûr pas trop se réjouir de cette photo. Il ne s’agissait que d’une résolution, et une résolution a surtout une valeur symbolique – comme en témoignent les résolutions bafouées qui condamnent l’occupation de la Palestine. Si d’ailleurs des sbires états-uniens loyaux tels que la Belgique, les Pays Bas ou l’Allemagne ont soutenu le texte, cela prouve que le sujet n’était pas considéré comme réellement important. Mais ça fait du bien quand-même, de voir une image où vraiment le monde entier (sauf deux parties, pieds et poings liés) se prononce contre l’arrogance états-unienne.


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